Hyperbole que ce titre, exagération mais je suis toujours sidérée d’entendre et voir combien les français haïssent les riches, tant qu’ils ne le sont pas eux-mêmes. La réussite matérielle est vue d’un mauvais oeil alors qu’outre Atlantique elle est valorisée.
Est-ce que les choses changent ?
Dans Les Bienfaits, Sénèque affirmait que « les choses nécessaires se divisent en trois classes, celles sans lesquelles on ne peut pas vivre, celles sans lesquelles on ne doit pas vivre, celles sans lesquelles on ne veut pas vivre. » Et il plaçait l’argent dans cette dernière catégorie. Pour autant qu’il soit « non prodigué jusqu’au superflu, mais suffisant à des désirs modérés », il en faisait l’une des conditions du bonheur.
Une des conditions du bonheur donc ?
C’est une vision avec laquelle les Français, longtemps rétifs à valoriser l’argent du fait de leur culture catholique et de leur défense de l’égalité, sont peut-être en train de se réconcilier.
Les Français sont, à l’échelle collective, l’un des peuples les plus malheureux d’Europe, les plus râleurs aussi. ( se disent comme tels)
Mis à part le Portugal, la France présente « le plus faible niveau de bonheur déclaré » des pays européens et voit l’avenir collectif promis à un déclin assuré. Pour 2/3 de ses habitants, la vie de la prochaine génération sera moins bonne que la leur. Et 70 % souhaiteraient vivre dans une époque révolue plutôt que dans le futur.
Et pourtant… et c’est là que ça se corse.
Dans la sphère privée le français se dit heureux ALORS QUE dans la sphère collective non.
Individuellement, les Français sont en effet très optimistes : 2 Français sur 3 se disent très satisfaits de leur travail et de leur existence, et plus de la moitié ont l’impression d’être bien plus heureux que les autres… Malheur public, bonheur privé.
Mais d’où ça vient, cette dichotomie ?
Défiance publique et confiance privée : si 60 à 80 % n’ont pas confiance dans les politiques ni dans les institutions, 94 % ont confiance dans leurs proches – et seulement 26 % dans les autres en général !!!!
Et l’argent pour en revenir au début de cet article ?
Le niveau et l’évolution du revenu sont déterminants dans notre bien être. Ils influencent, de façon positive, tous les autres facteurs – confiance dans les institutions qualité et la densité de relations sociales. Cela confirme aussi le fait que les Français déclarent très majoritairement désirer davantage de pouvoir d’achat plutôt que davantage de temps libre. (les deux ce serait mieux !)
Pour Claudia Senik, auteure d’une étude sur le sujet : « L’argent pallie toutes les autres déficiences. C’est la valeur refuge pour échapper à ce qui est perçu comme une situation de déclin. Il garantit la capacité des individus à se protéger contre les risques et à les amortir le cas échéant »
Soit ce que Sénèque appelait un « bienfait nécessaire ».
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